· 

Est-ce qu’on entend vraiment une différence entre formats audio compressés Dolby Digital+, DTS HD HR et audio non compressé Dolby TrueHD, DTS HD MA ?

Audio - 2025

Home Cinema (2)_1000px

Lorsqu’on parle de home-cinéma, une question revient souvent : peut-on réellement entendre une différence entre une piste audio compressée, comme Dolby Digital Plus ou DTS HD HR, et une piste non compressée ou sans perte, comme Dolby TrueHD ou DTS‑HD MA ?

C’est un sujet qui divise, souvent entouré d’idées reçues, de marketing et de comparaisons parfois trompeuses. Pourtant, la réalité est plus nuancée et dépend autant de la technique que du mixage et de l’équipement utilisé. Dans cet article, nous faisons le point de manière claire et objective pour comprendre ce qui change réellement à l’oreille entre un codec lossy et un codec lossless, et dans quelles conditions cette différence devient perceptible.

Qu’est-ce qui différencie techniquement les formats Dolby ?

 

Avant de parler d’écoute, il faut comprendre ce que sont réellement ces formats :

 

 

Dolby Digital (AC-3) et Dolby Digital Plus (E-AC3) – formats compressés

 

Ce sont des codecs dits « lossy » : lors de l’encodage, certains éléments du signal sont supprimés pour réduire le poids de la piste audio. L’idée n’est pas de dégrader le son, mais d’éliminer ce qui est théoriquement inaudible selon les modèles psychoacoustiques.

 

Ces formats sont utilisés sur :

  • la TV,
  • les services de streaming (Netflix, Disney+, Prime Video…),
  • certaines box TV,
  • les Blu-ray en piste secondaire.

 

Dolby donne des détails techniques complets sur ces codecs ici :

 

https://professional.dolby.com/globalassets/dolby-digital-plus/dolby-digital-plus-audio-coding-tech-paper.pdf

 

 

 

Dolby TrueHD – format sans perte

 

Dolby TrueHD est un codec lossless. Il conserve l’intégralité des informations audio du master d’origine, sans aucune suppression. C’est le format utilisé sur les Blu-ray et UHD Blu-ray pour les versions audio de meilleure qualité.

 

Description technique sur Wikipédia : https://en.wikipedia.org/wiki/Dolby_TrueHD

 

 

 

Peut-on entendre une différence en théorie ?

 

Techniquement, oui. Un codec lossless comme le TrueHD transporte plus de données, notamment :

  • une dynamique complète,
  • un bruit de fond plus faible,
  • une scène sonore plus précise,
  • aucun artefact de compression.

Mais en pratique, cela ne veut pas dire que l’oreille humaine perçoit tout. Les codecs modernes comme Dolby Digital Plus sont extrêmement optimisés, et à haut débit, ils peuvent être très proches du lossless dans de nombreuses situations. Plusieurs tests ABX montrent qu’une grande partie des auditeurs ne distingue pas systématiquement les deux formats lorsqu’ils proviennent du même mixage audio.

 

Un exemple de retour utilisateur sur ce sujet (entre l'audio avec perte DD+ Atmos et sans perte TrueHD Atmos) : https://www.reddit.com/r/hometheater/comments/1gvrdtt/

 

 

Le problème : les comparaisons sont souvent biaisées

 

Quand on compare une piste Dolby Digital Plus de Netflix à une piste Dolby TrueHD d’un Blu-ray, on pense comparer « lossy vs lossless ». En réalité, on compare souvent deux mixages différents. Les plateformes de streaming utilisent parfois :

  • une dynamique réduite,
  • des graves moins intenses,
  • une scène surround simplifiée,
  • un volume normalisé.

Ce n’est pas une limitation du codec. C’est une version différente du mixage, adaptée à la TV et au streaming.  Résultat : la différence perçue entre streaming et Blu-ray vient davantage du mixage que du codec utilisé.

 

 

 

Alors, l’oreille perçoit une différence ou pas ?

 

Oui, on peut entendre une différence à mixage équivalent :

  • si la scène est très complexe (explosions, effets multiples, spatialisation riche),
  • si l’installation home-cinéma est suffisamment bonne.
  • et si l’auditeur possède une oreille exercée et prête attention aux subtilités du son

Dans la majorité des comparaisons du quotidien, la différence perçue entre une piste compressée et une piste non compressée provient avant tout du mixage différent, et non du codec en lui-même.

 

En revanche, dans un cadre strictement théorique, où les deux pistes proviennent du même master audio, avec un mixage identique et un niveau sonore équivalent, une différence peut exister entre un codec compressé et un codec lossless. Cette différence reste généralement subtile et se manifeste surtout dans des scènes très complexes ou très dynamiques.

 

 

Sur un vrai système 5.1 ou 7.1, bien installé et calibré, la piste TrueHD peut paraître par moments :

  • plus détaillée,
  • plus stable dans les surrounds,
  • plus ample dans les ambiances,
  • moins comprimée dans les scènes dynamiques.

Mais, la différence n’est pas toujours audible si on écoute la piste sonore :

  • sur une barre de son,
  • ou à volume faible.

Plusieurs tests montrent que le son compressé à haut débit peut être indiscernable du TrueHD pour une grande partie des auditeurs.

 

 

Quid des plateformes de streaming ?

 

Et sur les plateformes de streaming ? Le Dolby Digital Plus utilisé est-il à un débit suffisamment élevé pour que la plupart des utilisateurs ne fassent pas la différence entre la piste audio d'un film en streaming et celle d'un Blu-ray avec audio sans perte ?  Oui, dans la plupart des cas. Sur les grandes plateformes comme Netflix, Disney+, Amazon Prime Video ou Apple TV+, le débit des pistes Dolby Digital Plus ou DD+ Atmos, est suffisamment élevé pour que la grande majorité des utilisateurs ne perçoivent aucune différence audible par rapport à un format lossless comme Dolby TrueHD. 

 

 

 

netflix-films_1000px

 

Tous ces services utilisent exclusivement Dolby Digital Plus (DD+ ou E-AC-3) pour l'audio surround et Dolby Atmos, jamais du TrueHD (réservé aux disques Blu-ray 4K/UHD).

 

En 2025, les débits audio typiques pour Netflix, Disney+, Amazon Prime Video et Apple TV+ atteignent jusqu’à 640 kbps ou jusqu’à 768 kbps pour le Dolby Digital Plus ou Dolby Digital Plus Atmos. Tous les films ne bénéficient pas systématiquement de ces débits élevés, mais de plus en plus le font. Un service comme Prime Video est néanmoins moins constant et propose des débits plus faibles sur un plus grand nombre de titres que ses concurrents.

 

Ces débits sont considérés comme hauts pour du DD+ en streaming, car ils exploitent bien les capacités du codec (qui peut théoriquement monter jusqu'à 6 Mbps, mais jamais en streaming pour des raisons de bande passante).

 

 

Et le DTS dans tout ça ?

 

La question se pose légitimement. DTS propose des formats comparables à ceux de Dolby : DTS (compressé), DTS High Resolution et DTS-HD Master Audio (sans perte). Sur le plan strictement technique et perceptif, les conclusions sont les mêmes : à mixage identique et à haut débit, un codec compressé moderne peut s’approcher très fortement du lossless, et la différence audible dépend avant tout du matériel, du mixage, de la personne qui écoute et des scènes écoutées.

 

Aujourd’hui, le DTS est cependant beaucoup moins présent dans le streaming et reste principalement cantonné aux disques Blu-ray, ce qui explique pourquoi cet article se concentre sur les formats Dolby.

 

 

Conclusion

 

En résumé : La supériorité du lossless est réelle techniquement, mais la perception varie fortement selon l’usage, le matériel… et surtout le mixage fourni. Sur Netflix/Disney+ & co., le DD+ est largement suffisant sur de nombreux films pour une expérience excellente, identique ou quasi identique à du lossless pour la plupart des utilisateurs. Il peut subsister une différence audible sur certains titres avec des débits audio plus faibles ou dans certaines scènes complexes, mais dans ce dernier cas, seul quelques rares personnes avec une ouie fine et un équipement haut de gamme, pourront percevoir une légère différence.

 

 

 

 

Auteur: Jo KCK

 


 

 

 

Cet autre article pourrait vous intéresser : Maîtriser les Majuscules avec Accent sur Windows : Guide Détaillé avec Plusieurs Astuces